Deux Fêtes !! Une Fête ! Plus de Fête …
Si vous demandez à un jeune habitant de Chassenard la date de la Fête de son village, vous le plongerez dans une grande perplexité. Tiens ! Au fait ! Nous sommes dans un village qui n’a pas de fête. D’où vient cette situation assez rare ?
En 2004, quelques Chassenardois nés entre 1936 et 1924, évoquaient des souvenirs fort intéressants.
Remontons le temps grâce à leurs récits :
- Un bal l’après-midi de Noël existait encore, il y a une trentaine d’années. Vers 1974 / 76, un « parquet » était monté sur le terrain en contrebas de l’école, là où se trouve le grand parking. Cette fête fut abandonnée peu après, à cause de bagarres comme il y en a eu si souvent lors des bals.
- Vers 1954, la fête de Chassenard était très importante : 2 « parquets » et beaucoup de monde. La fête était connue comme «la fête de Noël ».
- Juste après la guerre vers 48/49, il y avait encore un manège. On se rappelle des fêtes dont on revenait en vélo et dans la neige. On invitait « la famille » à déjeuner, justement à l’occasion de la fête patronale.
- Il y avait un tir dans le renfoncement entre les deux cafés, un manège pour enfants sur la place, le « parquet » était alors derrière l’église. Il y avait des allées et venues incessantes entre les différentes animations et les deux cafés. La fête de Chassenard était très importante vers 1945/50.
- Dans les années « trente », la fête patronale de Chassenard avait lieu l’après-midi de Noël. Il y avait un bal, un manège de chevaux de bois et une baraque de tir, tenue par la famille Mathieu, qui habitait à Chavannes.
M. Charles Bernardet, à la sortie de la messe du jour de Noël, donnait des pièces aux enfants pour que chacun puisse faire un tour de manège. Ensuite il offrait une « tournée », au café Bouchand, aux hommes du village avec lesquels il avait assisté à la cérémonie religieuse. - Après la « Guerre de 14 », il y avait aussi une autre fête à la Saint Georges. Mais il y a peut-être eu des dissensions entre les cafetiers et aussi des problèmes pour les familles car cette fête survenait le 23 avril à une date à laquelle les enfants n’avaient pas forcément de vacances.
Cette fête peut aussi être tombée en désuétude en raison de la proximité de la Fête de Digoin dont autrefois, l’église était également sous le vocable de Saint Georges.
Donc, après avoir eu deux fêtes par an, les habitants de Chassenard ne se retrouvent plus qu’à la « fête de Noël » ; puis les modes de vie évoluant, la fête disparaît à la fin des années 70.
Mais une fête de village … à Noël
est suffisamment insolite pour inciter à quelques recherches !
La réponse se trouve dans un article intitulé : « Patrons des paroisses et Titulaires des églises » rédigé par le Père Daniel Moulinet, archiviste diocésain. Il nous apprend que dans un petit document, en forme de questionnaire, non daté, édité par l’évêché de Moulins vers 1877-1878
À Chassenard
Le Titulaire de l’église est St Georges
Le Patron du lieu est St Étienne
La fête est le 23 avril
Le saint qui donne son nom à une église en est appelé le Titre ou Le Titulaire. Le Patron du lieu est le saint sous la protection duquel est placé un lieu déterminé, c’est- à-dire un bourg, une ville, un diocèse, etc.
Le 23 avril, était fêté Saint Georges le « Titulaire » de l’église.
La fête patronale avait lieu le 26 décembre, jour de la Saint Etienne.
Dicton du jour : « A la saint Etienne, chacun trouve la sienne ».
D’après la thèse de Thérèse-Jean Schmitt rédigée en 1957 : Organisation ecclésiastique et pratique religieuse dans l’Archidiaconé d’Autun de 1650 à 1750, il a existé à Chassenard, aux XVIIe et XVIIIe siècles, une Confrérie rurale sous le patronage de Saint Etienne et les sociétés de la paroisse étaient sous la protection de Saint Jean.
À cette époque, les confréries organisaient des festivités profanes puis, à partir de 1650, elles prirent un caractère plus religieux. Beaucoup avaient disparu avant la Révolution et ne laissèrent souvent que des traditions de fêtes dites patronales.
Au cours du XIXe siècle la tradition de fêter la « Saint Etienne » s’est tout de même maintenue à Chassenard.
Mais le 8 décembre 1907 :
« Sur la demande des Aubergistes du Bourg, le Conseil (municipal) décide que la fête patronale se tiendra dorénavant le jour de Noël (au lieu du lendemain) ».
Le patronage de Saint Etienne sur Chassenard est probablement assez rapidement oublié. Comme chacun peut le constater, il n’y a ni vitrail, ni statue de lui dans l’église actuelle dont les travaux d’agrandissement datent des années 20 …. du XXe siècle. En 2004, même les témoins les plus âgés n’en avaient jamais eu connaissance.